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Apprentissage de la lecture chez les enfants autistes


Un enfant noir allongé dans une bibliothèque en train de lire un livre en souriant.

Quand Stéphanie est m'a contacté pour sa fille Lou, âgée de 7 ans et qui est autiste, elle était épuisée. Lou refusait presque systématiquement les temps de lecture. Elle se crispait dès qu’il fallait rester assise, fixait la page sans bouger, puis partait en courant après quelques minutes. Sa mère pensait qu’elle manquait de concentration. En réalité, Lou avait besoin de bouger, toucher, sentir et vivre la lecture avec son corps.


L’apprentissage de la lecture chez les enfants autistes ne se limite pas à la reconnaissance des lettres ou à la mémorisation de sons. C’est une expérience sensorielle et motrice, profondément liée à la manière dont le cerveau traite les informations. Quand on comprend cela, la lecture cesse d’être un exercice statique pour devenir une expérience vivante.


Comprendre pourquoi la lecture est parfois difficile

L’apprentissage de la lecture demande de nombreuses compétences : décoder les sons, comprendre les mots, soutenir l’attention, relier les lettres à des concepts. Pour un enfant autiste, chacune de ces étapes peut représenter un défi particulier.


Le cerveau autistique traite souvent les informations de façon plus détaillée, plus sensorielle, parfois moins linéaire. L’enfant peut se concentrer sur un son précis, un mot qu’il aime, ou un détail visuel du livre, mais perdre le fil de la phrase. Il peut aussi se sentir submergé par la charge sensorielle : le bruit, la lumière, la texture du papier, l’obligation de rester immobile.


Dans ces conditions, la lecture ne peut pas se faire sans prendre en compte le corps et les sens.

On imagine souvent que lire, c’est être calme et assis.Mais pour beaucoup d’enfants autistes, le mouvement aide à organiser la pensée. Bouger permet de réguler le système nerveux, de stabiliser l’attention, et de rendre l’apprentissage plus fluide. Demander à un enfant de rester immobile pour apprendre à lire revient parfois à lui demander d’apprendre sans respirer.


Le rôle du corps dans l’apprentissage de la lecture

Marcher, balancer une jambe, se lever pour aller chercher une lettre ou un mot : ces gestes simples ne sont pas des distractions.Ils permettent à l’enfant de réguler son énergie et d’ancrer les apprentissages dans son corps. Dans le cas de Lou, le simple fait de bouger entre deux activités a tout changé : elle revenait à la table plus calme, plus disponible, et plus curieuse de ce qu’elle lisait.


Associer un geste à un son, tracer une lettre dans le sable ou reproduire la forme d’un mot avec le corps renforce la mémoire. Chaque mouvement crée une empreinte sensorimotrice : le cerveau enregistre non seulement l’image de la lettre, mais aussi le geste qui y est lié. C’est cette intégration multisensorielle qui consolide les apprentissages.


Quand un enfant est surstimulé ou, au contraire, sous-stimulé, son système nerveux cherche à retrouver un équilibre. Le mouvement agit comme un régulateur : il aide à rétablir cet équilibre et à rendre le cerveau plus disponible pour apprendre. Chez l’enfant autiste, la lecture ne peut donc pas être dissociée de la régulation corporelle et sensorielle.


L’approche multisensorielle dans la lecture

Les lettres en relief, les textures variées, les lettres à tracer avec le doigt ou dans un plateau de semoule stimulent le sens tactile. Ce type d’expérience renforce le lien entre le symbole écrit et la sensation vécue. Le mot n’est plus abstrait : il devient concret, palpable, vivant.


Certains enfants apprennent mieux en associant la lecture à des supports visuels clairs : pictogrammes, images, couleurs. D’autres retiennent mieux quand ils entendent les sons et les rythmes : écouter, répéter, chanter les syllabes, ou lire à voix haute en marchant. Ces canaux sensoriels complémentaires enrichissent la compréhension et soutiennent la mémoire.


Le mouvement n’est pas un supplément : c’est une porte d’entrée. Marcher vers un mot affiché, sauter sur chaque syllabe, déplacer des cartes pour former une phrase, ou faire rouler une balle pour chaque mot lu… Ces actions mobilisent le corps et favorisent la concentration. Elles permettent aussi à l’enfant de sentir le rythme de la langue et d’y trouver du plaisir.


Intégrer le mouvement dans les apprentissages

Avant toute chose, observer.L’enfant bouge-t-il beaucoup ? Cherche-t-il à toucher ? Fuit-il le contact ou la lumière ? Ses réactions donnent déjà les premières indications sur ses besoins sensoriels. Ce sont eux qui guideront la manière d’intégrer le mouvement dans la lecture.


Lire peut devenir une activité vivante. Marcher dans la pièce, suivre du doigt des mots collés sur les murs, associer un geste à un son, utiliser des objets du quotidien… tout cela rend la lecture plus concrète. Alterner les moments debout, assis ou au sol aide aussi à maintenir la disponibilité et l’intérêt.


Certains enfants ont besoin d’un objet à manipuler pendant la lecture, comme une balle ou un tissu doux. D’autres ont besoin de bouger avant de se poser. Ces gestes deviennent des signaux de sécurité : ils indiquent au corps qu’il peut apprendre.Ce n’est pas un caprice, c’est un besoin de régulation.


Adapter la posture de l’adulte

L’objectif n’est pas de faire “tenir en place”, mais de comprendre ce dont le corps a besoin pour se concentrer.Un enfant qui se balance, se met debout ou s’étire ne cherche pas à déranger. Il cherche à s’autoréguler. Plus on respecte ce besoin, plus la lecture devient possible.


Dire « lis cette ligne » a peu d’impact si l’enfant est déjà en tension. Dire « viens, on va chercher ensemble le mot qui fait cha » transforme la consigne en action. Le mouvement devient alors un pont entre l’intention et l’attention.


L’objectif n’est pas de lire parfaitement, mais d’entrer dans le plaisir de lire. Si l’enfant montre de la curiosité, tourne les pages, reconnaît des lettres ou écoute une histoire jusqu’à la fin, c’est déjà une victoire.


Quand le mouvement ouvre la compréhension

Lou a mis plusieurs semaines à se reconnecter à la lecture. Nous avons commencé par des lettres à manipuler, puis par des mots collés dans la pièce. Elle marchait, bougeait, touchait, riait.Le jour où elle a lu son premier mot en sautant sur chaque syllabe, Stéphanie a pleuré. Pas parce qu’elle savait enfin lire, mais parce qu’elle prenait enfin du plaisir à apprendre.


Le mouvement a été pour Lou une façon de comprendre ce que son cerveau ne pouvait pas encore traiter uniquement avec les yeux. Et c’est exactement ce que vivent beaucoup d’enfants autistes : ils ont besoin que la lecture passe par le corps avant d’arriver à l’esprit.


Ce qui est à retenir pour favoriser l'apprentissage de la lecture chez les enfants autistes

L’apprentissage de la lecture chez les enfants autistes ne doit pas être perçu comme un parcours figé ou académique. C’est un processus vivant, qui engage le corps, les sens et les émotions. Quand on comprend que bouger, toucher, écouter et voir sont autant de portes d’entrée vers le sens des mots, la lecture devient accessible, naturelle et même joyeuse.


Accompagnement au cabinet Parent autrement

Je propose désormais des accompagnements individuels aux enfants autistes ou ayant d'autres TND pour les apprentissages, dont la lecture, directement au cabinet Parent autrement à Vigneux-sur-Seine. Ces accompagnements sont pensés pour respecter le rythme, les besoins sensoriels et le fonctionnement de chaque enfant.


📍Cabinet Parent autrement Vigneux-sur-Seine (91270)

📞 06 33 65 58 30

 
 
 
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